Carlos Couturier et Moises Micha sont les associés visionnaires du Groupo Habita qui développe depuis une décennie des hotels chic au Mexique : un univers qui évoque les initiatives d’un Ian Schrager Outre-Atlantique, à savoir un établissement contemporain bien inscrit dans une ville qui en revisite les influences tout en préservant une marque de fabrique, sorte de signature. Dans le cas du Groupe Habita c’est un je ne sais quoi de latin et un décalage assumé qui rend leurs adresses irrésistibles.
L’Hotel Americano est un événement puisqu’il s’agit du premier établissement ouvert par Carlos Couturier et Moises Micha aux Etats-Unis, une décision audacieuse dans une ville qui grouille de boutiques hotels et d’adresses branchées. Situé dans un parking réaménagé par l’architecte Enrique Norten du cabinet Ten Arquitectos, l’hôtel maintient une construction lisible, une architecture quasi-moderniste. La façade rythmée de lignes précises signifiant clairement les étages est habillée d’une paroi grillagée subtile qui laisse deviner sa structure et encourage des milliers de rayons lumineux à s’échapper le soir. Une façade en mouvement qui rappelle le sublime travail de SANAA au New Museum of Contemporary Art planté à juste quelques rues dans le quartier de Nolita. A l’intérieur, c’est le Français Arnaud Montigny qui officie en toute subtilité : l’architecte, auteur entre autres du concept-store parisien Colette, signe ici son premier aménagement aux Etats-Unis et le réussit.
Une base décorative qui s’inspire de la rigueur originelle du bâtiment, instaure comme règle dans l’hôtel des murs plans et minimalistes parés de noir ou de blanc, d’un gris anthracite avec un sol en béton : une perfection masculino-chirurgicale qui constitue l’écrin d’un mobilier aux lignes précises comme à l’espace nuit constitué dans les chambres de caissons en bois hommage aux Ryokans, ces auberges japonaises mythiques et historiques. Les salles de bains jouent le marbre à fond, accentuant la dimension technique de l’espace. Les détails vintage du téléphone très administratif à l’harmonica et à l’identité visuelle font référence à une époque dans laquelle Don Drapper aurait parfaitement sa place. La couleur acidulée intervient par touches à travers un jaune tirant vers le vert qui répond parfaitement à la lumière. Des vues architecturées sur la ville, imprimant celle-ci de façon cinématographique dans la chambre, rend totalement inutile quelque accrochage sur les murs. Dans les espaces communs c’est la même ambiance, le twist latin en plus : la piscine est certes petite mais s’impose comme un espace convivial entouré de lounge chairs signées de l’italienne Paola Lenti, virtuose du confort outdoor.
Au Restaurant, un autre Français trouve un écrin à son talent, le chef Olivier Reginensi : ce cuisinier qui travaille aux Etats-Unis depuis presque 20 ans développe une cuisine à l’image de L’Americano, une base méditerranéenne forte avec des accents mexicains caliente. Une carte piquante pour un établissement dans l’air du temps : l’adresse est un lieu de séjour mais aussi un lieu de vie, de passage, de rendez-vous à l’image des vies urbaines contemporaines. L’Americano s’inscrit dans Chelsea, dans New York comme un lieu rassurant, convivial, ouvert à tous. L’Hôtel Americano semble être le point de départ d’un séjour idéal à Manhattan, entre une balade à vélo prêté par l’Hôtel, détente à la High Line puis petit tour par les galeries de Chelsea pour s’installer au bar et commander un Americano… Ou un Manhattan. Avec vue dessus, bien sûr.